Editorial: Les femmes – pas des hommes comme les autres
Ce 25 octobre, le Parlement européen a rejeté la nomination du Luxembourgeois Yves Mersch au Di-rectoire de la Banque centrale européenne, en protestation contre l’absence totale de femmes au sein de cette instance. Le 15 novembre, c’est la Commission qui proposait un objectif de 40 % de femmes, à l’horizon 2020, dans les conseils d’administration des sociétés cotées. La question de la parité dans le monde de l’économie est plus actuelle que jamais.
Un sujet émotionnel
Les personnes qui estiment que l’égalité des chances est acquise s’offusquent de la multiplication des mesures incitatives ou coercitives: les femmes n’exploitent pas assez leurs opportunités professionnelles, omettent de se porter candidates le moment venu et sont trop peu nombreuses à disposer des qualifications nécessaires pour les postes au sommet de la pyramide. Les femmes qui le veulent ne parviennent-elles pas à faire de belles carrières, impensables il y a une génération? Et une société comme UBS compte aujourd’hui trois femmes au sein de son Conseil d’administration, soit 25 %.
Un phénomène explicable
A peu de choses près, une femme peut aujourd’hui, en Suisse, faire carrière «comme un homme». Mais justement, les femmes ne sont pas des hommes. Sans vouloir entrer ici dans une polémique entre construction sociale du genre et déterminisme biologique, hommes et femmes ne parcourent pas les mêmes étapes de vie. L’anatomie et – malgré tous les progrès – l’Etat et la société leur imposent des expériences différentes selon leur sexe. Le nier nous enferme dans l’impasse actuelle. Il incombe au monde professionnel, en premier lieu aux entreprises, d’intégrer la diversité dans les modèles de carrière, de rémunération et de conditions de travail, sans quoi la moitié des compétences de l’humanité continuera à être galvaudée.
Les femmes ont fait un chemin considérable en direction de l’égalité; aux hommes qui détiennent le pouvoir de leur tendre désormais la main.