Communiqués de presse
Pourquoi un actionnariat pour une économie durable ?
De Catherine Herold, présidente d'ACTARES
Dans son dernier film " The Big One ", Michael MOORE raconte ses rencontres avec plusieurs chefs d’entreprise des Etats-Unis auxquels il demande des explications sur les licenciements massifs opérés, malgré des résultats brillants. L’un d’eux explique qu’il doit veiller aux intérêts de ses actionnaires. " Actionnaires ", répond Michael MOORE," je n’ai jamais rencontré ce mot dans la constitution des Etats-Unis. Je n’y ai vu mentionnés que le peuple, les citoyens."
Qui sont ces actionnaires, dont les intérêts paraissent mieux défendus que ceux des citoyens ? Comment comprendre la structure du capital des grandes sociétés ? On y trouve parfois d’autres sociétés, très fréquemment des investisseurs institutionnels, et enfin des actionnaires individuels, les seuls à sauver l’actionnariat de l’anonymat.
Le projet d’ACTARES est né du besoin d’élargissement du champ d’activité des deux associations suisses d’actionnaires qui, depuis leur fondation, tentent de lutter contre cet anonymat, et portent des préoccupations sociales et environnementales. Je veux parler de la Convention des actionnaires de Nestlé (CANES) et l’Association des actionnaires critiques de l’UBS.
Dès 1996, deux ébauches de projets sont envisagées: celle d’une société suisse d’éthique des entreprises et celle d’une association d’actionnaires. La 2ème piste est choisie après la Journée d’étude sur « La responsabilité des actionnaires dans les SA » organisée à l’Institut interdisciplinaire d’éthique et des droits de l’homme de l’université de Fribourg, le 30 mars 1998, journée très encourageante par sa large fréquentation et ses résultats. En effet, aborder la problématique de l’économie durable par le biais de l’actionnariat est original. La démarche peut devenir rapidement opérationnelle, étant limitée à l'actionnariat. Les liens entretenus entre les responsables de l’association des actionnaires critiques de l’UBS et la CANES ont abouti à une collaboration intense dès l’automne 1999. Son développement est ainsi assuré dans toute la Suisse. La démarche d'ACTARES se fonde sur l'économie durable, laquelle repose simultanément sur trois pieds: économique, social et environnemental. Pour nous, toute entreprise est un élément de la société: elle a une incidence sur de nombreux partenaires. Elle ne peut éluder son rôle citoyen.
L’élargissement dont il a été question est envisagé selon plusieurs axes :
Les activités de l’association concerneront les entreprises cotées en bourse dans leur ensemble. Nous nous réservons la possibilité d’entrer en contact avec n’importe laquelle d’entre elles.
L’association est ouverte à toute personne qu’elle soit ou non détentrice personnellement d’actions. Si l’actionnariat direct est peu répandu en Suisse, il n’est est pas de même pour ce que nous convenons d’appeler l’actionnariat indirect lequel existe sur une large échelle: par le biais de l’épargne placée dans les 2ème et 3ème piliers, dans des fonds de placements, des assurances-vie, etc, épargne investie partiellement, mais de plus en plus, en actions. Ainsi une très large partie de la population est faite d’actionnaires qui s’ignorent et qui, de plus, ne peuvent exercer leur droits sociaux, ces droits étant exercés par des mandataires.
L’association est ouverte à des personnes physiques comme à des personnes morales. Nous pensons que la thématique de l’économie durable intéressera de plus en plus des associations - comme représentantes et animatrices de la société civile - , des caisses de pension - qui ne pourront indéfiniment financer de nouvelles retraites anticipées pour celles et ceux qui perdent leur salaire à un âge avancé - et d’autres organismes pour lesquels la prise en compte du long terme pourrait devenir impérative.