Nestlé, une nouvelle pharma?
A l’Assemblée générale de Nestlé, ACTARES a pris la parole pour s’inquiéter des velléités pharmaceutiques de l’entreprise, notamment autour de la question des alicaments et celle des tentatives de déposer des brevets sur des substances naturelles de la pharmacopée traditionnelle.
ACTARES a adressé par courrier des questions à Nestlé sur divers sujets: alicaments, brevets et biodiversité, notations sur la durabilité, code de l’OMS sur les substituts du lait maternel, Nestlé Waters, droits humains et problèmes syndicaux. Les réponses données ont laissé ACTARES sur sa faim. Le rapprochement avec l’industrie pharmaceutique est particulièrement source de questionnement. ACTARES a réitéré ses demandes lors de l’Assemblée générale (AG) du 10 avril sur les thèmes des alicaments et des brevets
Notre santé, bonnes affaires en vue
En 2012, Nestlé créait son Institut pour les sciences de la santé à l’EPFL; son but: étudier et commercialiser des «nutritions médicales», adaptées aux personnes âgées ou aux soins intensifs dans les secteurs de la chirurgie et de la pédiatrie. D’autres recherches sont entreprises dans le domaine des maladies chroniques ou neurodégénératives (Alzheimer), le diabète, l’obésité. Les besoins sont évidents et les perspectives de profits alléchantes. «Nous faisons œuvre de pionniers en façonnant un nouveau domaine entre l’industrie alimentaire et l’industrie pharmaceutique», a déclaré Peter Brabeck, président du Conseil d’administration.
Une activité à risques
Cette nouvelle orientation des activités de la firme a de nombreuses implications: ces «produits nutritionnels», considérés comme médicaments, vont nécessiter des tests cliniques dont on connaît les exigences et les risques. Certains effets indésirables peuvent apparaître à long terme et être aussi source de risques financiers. On note aussi le rachat tout récent par Nestlé de la part de l’Oréal dans Galderma, une société pharmaceutique spécialisée dans la dermatologie. Cette dernière avait elle-même acquis, en 2011, une société suédoise active dans la médecine esthétique, Q-Med, pour 1,1 milliard de francs.
Consultation alibi peu convaincante
Lors de l’AG, cette nouvelle «direction stratégique» n’a été approuvée que par 62 % des 2’708 actionnaires présentes et présents (17 % d’opposition), représentant 1,63 % des actions ayant droit de vote. Il est vrai que cette consultation lancée par Peter Brabeck avait pour but de tester le système de vote électronique.