Intervention d’Actares à l’AG de Nestlé
Monsieur le Président, Mesdames, Messieurs,
Edouard Deguemp, habitant de Pully, membre d’Actares, Actionnariat pour une économie durable. J'interviens en mon nom et au nom des actionnaires qui ont demandé à Actares de les représenter.
Nestlé fête ses 150 années d’existence, 150 années de croissance qui en font aujourd’hui un des acteurs majeurs dans son secteur. Depuis sa création il y a 16 ans, Actares suit la multinationale et constate avec une certaine satisfaction les progrès réalisés ces dernières années:
- D’un simple acheteur de matières premières sur le marché, Nestlé sélectionne ses fournisseurs et les accompagne dans leur développement productif et social,
- Les conflits avec les syndicats semblent être mieux gérés, ou du moins nous n’entendons plus autant d’échos de foyers de conflits graves et qui durent,
- La multinationale devient plus transparente et le dialogue avec les parties prenantes est facilité,
- Le problème du nombre des administratrices est pris au sérieux: leur représentation est passée à 30%.
Ces évolutions remarquables de la politique de Nestlé sont malheureusement ternies par quelques sujets préoccupants. Nous en avons retenu deux pour cette intervention:
- Le premier sujet concerne le travail forcé. Les droits humains sont littéralement bafoués chez certains fournisseurs de café brésiliens et chez des exploitants de pêche en Thaïlande où le mot «esclavagisme» est cité. Rappelons également le problème du travail des enfants que Nestlé combat mais qui n’est à ce jour pas éradiqué. Le travail forcé pourrait être à notre avis freiné en rééquilibrant les richesses dans la chaîne de valeur. Combiné aux projets engagés par Nestlé pour augmenter la productivité, la qualité et le contrôle des exploitations, une répartition plus juste permettrait d’améliorer la qualité de vie des producteurs avec un effet direct sur les conditions de travail.
- Le deuxième sujet concerne les captages de l’eau dans certaines régions du monde bouleversées par la sècheresse comme la Californie. Nestlé profite, à nos yeux, de lois anciennes qui ne protègent pas les sous-sols et donc les nappes phréatiques. Les économies d’eau dans les usines de Nestlé ne doivent pas masquer des captages disproportionnés pour remplir des bouteilles. Ils peuvent même être dévastateurs s’ils se font au niveau de sources fossiles non-renouvelables. Les populations prennent conscience que les captages intensifs de cette ressource mal protégée et fragile pourront à moyen terme la faire disparaître.
D’où nos questions :
- Nestlé ne pourrait-elle pas reconsidérer sa politique d’achat de matières premières afin d’augmenter les revenus des populations productrices avec comme effet de relever leur qualité de vie?
- Nestlé, en dehors de ses nombreuses implications dans des programmes mondiaux de préservation de l’eau, étudie-t-elle à fond l’impact de ses captages, et notamment s’ils portent préjudice aux populations?
Merci de votre attention et de vos réponses.
(Intervenant: Edouard Deguemp, membre du comité.)