Monsieur le Président, Mesdames, Messieurs,

Je m’appelle Frank van Pernis et je suis membre d’Actares, Actionnariat pour une économie durable. J’interviens en mon nom et au nom des actionnaires qui ont demandé à Actares de les représenter.

Actares vous remercie de votre courrier du 27 mars dernier en réponse à nos questions du 7 février 2023. Vous commencez votre lettre en nous assurant que [je cite] « Nestlé s’engage selon ses valeurs et ses principes » dans ses échanges avec les pouvoirs publics et les parties prenantes. Vous pensez « que le secteur privé peut jouer un rôle positif, apporter une expertise pertinente et contribuer ainsi à l’élaboration de politiques publiques qui bénéficient à la fois aux consommateurs, aux entreprises et à la société » [fin de citation]. Vos valeurs sont affichées dans vos rapports annuels. Restent les principes. Et c’est à ce propos que nous aimerions vous interroger.

Que peut-on dire des principes qui vous guident dans le dossier des pizzas Buitoni ? Des informations sur la réalité des pratiques problématiques dans l’usine avaient été formulées par des employés, mais celles-ci n’ont visiblement pas été entendues. Deux enfants sont morts, d’autres ont été gravement malades, certains en gardent des séquelles. Vous avez exprimé votre profonde sympathie, mais avez-vous changé les pratiques de transmission des informations provenant du terrain jusqu’aux plus hautes instances, qui portent la responsabilité ultime ? Votre réponse à cette situation déplorable pour l’instant a été de fermer l’usine de Caudry. Les collectivités locales apprécieront.

Il ne nous a pas échappé que lorsqu’il y a des difficultés avec des produits ‘grand public’, peu prestigieux, comme des marques d’eau de sources américaines ou les surgelés Findus, la décision retenue est celle de se débarrasser de ces produits, en revendant les marques. Pour les saucisses Herta, vous n’avez conservé qu’une participation minoritaire. Est-ce à dire que vous vous désintéressez des produits ‘bas de gamme’ qui ne répondent pas au credo « santé et nutrition » ou n’ont pour vous qu’une trop faible valeur ajoutée ?

Vous avez beaucoup entrepris pour aller dans le sens de la durabilité et nous nous en réjouissons grandement. Votre rapport sur ce sujet est remarquable. Vos objectifs concernant le climat, la biodiversité, le déboisement sont ambitieux. Mais sont-ils à l’échelle des problèmes posés à notre planète ?

Qu’en est-il par exemple de vos efforts pour réduire l’utilisation de plastique ? Votre centre de recherche lausannois a-t-il des solutions prêtes à être implémentées ? Greenpeace s’impatiente de vous voir partir vers des emballages réutilisables plutôt que recyclables. Allez-vous augmenter les quelques pourcents de réutilisables actuels pour viser une moindre circulation de plastiques notamment ?

En résumé, quels sont les principes qui vous guident dans les questions suivantes :

1. Comment allez-vous renforcer les retours d’informations alarmantes provenant de vos sites de production ?
2. Allez-vous maintenir votre intérêt pour des produits de bas de gamme ?
3. Vous dirigez-vous vers des emballages réutilisables plutôt que recyclables ?

Nous vous remercions de votre attention et sommes impatients de vous entendre sur ces points.

(Intervenant: Frank van Pernis, membre d'Actares)