Intervention d’Actares à l’AG de Nestlé 2019
Monsieur le Président, Mesdames, Messieurs,
Je m’appelle Claire Forel, j’habite à Genève, et je suis membre d’Actares, Actionnariat pour une économie durable. J'interviens en mon nom et au nom des actionnaires qui ont demandé à Actares de les représenter.
A la lecture de votre rapport annuel, j’apprends avec plaisir que Nestlé a fait une mutation génétique d’importance puisque si vous annoncez toujours que « l’innovation continue est inscrite dans nos gènes » (p. 11), les autres choix sont dictés par « votre raison d’être ». On sort donc du déterminisme pour assumer pleinement une volonté délibérée d’aller dans une certaine direction?
On peut en effet se réjouir de lire que Nestlé, comme d’autres entreprises du Water Stewardship Alliance, réitère son engagement « pour un usage de l’eau douce qui soit socialement équitable, écologiquement durable and économiquement intéressante pour toutes les parties prenantes. » Tout à l’opposé de l’expression : ‘un cheval, une alouette’. On se désole alors d’autant plus de lire qu’au Pakistan un juge estime que Nestlé à l’instar d’autres sociétés n’agit pas selon ces principes. Très récemment la population de Vittel s’est à nouveau insurgée contre les pratiques de Nestlé Waters. Vous nous l’aviez rappelé, M. Bulke, l’eau est un sujet émotionnel. Que peut faire l’entreprise que vous présidez pour respecter encore mieux ses engagements dans ce domaine et redorer un blason passablement terni ? Une certification INDEPENDANTE permettant de se démarquer, d’asseoir sa réputation plus fermement et d’avoir des activités mieux inscrites dans la durée et donc plus profitables à long terme serait-elle un élément de réponse?
Le cacao est littéralement une des matières premières de Nestlé et la promesse d’offrir des produits d’exception, à l’instar de ce qui a été fait pour le café, réjouit nos papilles. Mais voilà que surgit à nouveau la question des fournisseurs. Si l’année dernière nous nous félicitions des efforts entrepris visant à une meilleure traçabilité ainsi qu’à la mise en œuvre d’une stratégie d’approvisionnement responsable des matières premières, une émission de la TV suisse romande de janvier dernier vient raviver nos inquiétudes. On y apprend que « Du cacao illégal [est] fourni aux grands chocolatiers, dont Lindt et Nestlé », illégal parce que produit dans une réserve naturelle en Côte d’Ivoire. Alors voici notre question : Quand pensez-vous pouvoir mettre en place ce 97% de traçabilité que vous nous promettez et, subsidiairement, à quand la publication de la liste des fournisseurs que vous avez annoncée?
Il est vrai que l’innovation est chevillée au corps de Nestlé. La création du Nestlé Institute of Packaging Sciences est à saluer. Au moment où flottent dans les océans des ilots de plastique, où Nestlé avec Pepsi et Coca Cola sont cités comme les plus grandes sources de déchets plastiques d’Indonésie, la création d’un centre de recherche sur la question des emballages est une nouvelle réjouissante. Pouvez-vous nous donner des précisions sur les objectifs de développement de cet institut, sur son budget et sur les solutions qu’il pourra proposer pour les pays dans lesquels le recyclage reste encore très virtuel?
Je résume donc nos trois questionnements:
- La question d’une certification indépendante sur une utilisation respectueuse de l’environnement et de toutes les parties prenantes des sources d’eau.
- La mise en place de la quasi-totalité de la traçabilité des matières premières et la publication de la liste des fournisseurs.
- Une plus grande information sur les objectifs et les moyens financiers du Nestlé Institute of Packaging Sciences.
Je vous remercie, Monsieur le Président, Mesdames, Messieurs, de votre attention et nous nous réjouissons de vous entendre sur ces points.
(Intervenante: Claire Forel, membre d'Actares)