Intervention d’Actares à l’AG de Nestlé 2018
Monsieur le Président, Mesdames, Messieurs,
Je m’appelle Claire Forel, Vaudoise habitant Genève, et arrière-petite-fille d’un des premiers actionnaires de Nestlé. Je suis membre d'Actares, Actionnariat pour une économie durable. J'interviens en mon nom et au nom des actionnaires qui ont demandé à Actares de les représenter.
Ces derniers mois notre organisation s’inquiétait de la déforestation qui est intimement liée dans les zones tropicales aux cultures de soja et d’huile de palme. Les efforts entrepris par Nestlé visant à une meilleure traçabilité ainsi que la mise en œuvre d’une stratégie d’approvisionnement responsable des matières premières essentielles portent leurs fruits. Pour le soja indirect, les risques sont pris en compte et le dialogue avec les ONGs engagé. En ce qui concerne l’huile de palme, Greenpeace relève dans une récente publication les efforts de transparence de Nestlé quant à son approvisionnement.
On ne peut que se réjouir de tous ces progrès qui vont dans le sens d’une économie responsable et respectueuse de l’environnement. Malheureusement certains producteurs et négociants peu scrupuleux se cachent derrière des labels ni assez contraignants ni indépendants et viennent gâcher les ambitieux engagements « zéro déforestation » de Nestlé. A cela s’ajoutent les tristes et répétitifs scandales de non-respect des droits humains comme par exemple chez le fournisseur singapourien Wilmar.
Venons-en maintenant à la question de l’eau, un sujet qui nous est cher.
Tout au long de l’année nous avons pu lire çà et là des marques de contestation de populations souvent nord-américaines. Les exemples pleuvent dans l’Etat du Michigan, à Osceola Township, Mecosta County et Evart, mais également en Ontario, Canada. Les reproches faits à Nestlé ont de nombreux points communs:
- captages démesurés,
- taxes - certes légales, mais dérisoires au regard du chiffre d’affaire,
- permis expirés,
- ballets incessants de camions aux abords de villes, etc.
Après ces faits avérés, une folle rumeur de privatisation de l’eau en Amérique du Sud est venue défrayer la chronique, soutenue par des supposés pourparlers entre M. Bulcke et le Président brésilien Michel Temer.
D’où nos questions :
En ce qui concerne les matières premières dont l’exploitation impacte les forêts, Nestlé est-elle plus que jamais dans un processus actif de se séparer des fournisseurs qui n’ont pas d’approche durable pour l’ensemble de leur production?
Au sujet de l’eau, Nestlé est-elle consciente que ce business est un risque pour son image et cherche-t-elle un apaisement avec les populations où des conflits voient le jour? Pouvez-vous clarifier ce qui se passe en Amérique du Sud et confirmer que ce ne sont que des rumeurs?
Enfin, Monsieur le Président, permettez-moi cette dernière remarque maintenant afin de ne pas reprendre la parole au point 9: Actares insiste sur la séparation des votes pour l’élection au Conseil d’administration d’une part et pour l’élection du président d’autre part. La distinction nous semble un gage de bonne gouvernance. Actares a par conséquent voté contre la proposition d’un vote unique à la fois au Conseil d’administration et à sa présidence. Ce n’est pas un vote de défiance à votre égard: Nous tenons à le souligner. Au contraire nous nous réjouissons de la bonne qualité du dialogue que vous entretenez avec Actares et à plusieurs égards de l’impulsion que vous donnez à la politique sociale et environnementale de Nestlé. Nous vous féliciterons de votre réélection aux deux fonctions.
Merci de votre attention et de vos réponses.
(Intervenante: Claire Forel, membre d'Actares)